Quoi qu’il en soit, le cinéma du Réel s’est imposé comme un haut-lieu du documentaire même si les termes sont parfois récusés. « Deux mots ne figurent pas dans mon vocabulaire, en tout cas comme substantifs : « documentaire » et « réel ». Je n’ai jamais compris ce qu’ils définissaient » prévient Bernard Eisenschitz en tête d’une brochure de la BPI consacrée… à des hybrides entre fiction et réalité(*). Le Centre Pompidou est décidément le lieu de tous les débats, de toutes les contradictions.
On rit parfois, et de bon cœur. Danielle Arbid a croqué quatre libanaises tenant salon, dans un rituel qui semble immuable, où ses dames règlent leur compte avec Dieu, les maris, les bonnes sri-lankaises et la liposucion dans cet arabe libanais inimitable(******). Impossible pour le Réel de ne pas aborder les conflits et plus particulièrement le drame palestinien. Dans Port of Memory, Kamal Aljafari rapporte avec pudeur le combat résigné d’une famille arabe de Jaffa contre l’expulsion de son domicile(*******).
(*) Regards critiques IV, « Ceci n’est pas… un documentaire » avec Bernard Eisenschitz, BPI.
(**) Tage des Regens, Andreas Hartmann, 72′.
(***) Je suis japonais , Mathias Gokalp, 21′.
(****) Marguerite et le dragon, Jean Laube, Raphaëlle Paupert-Borne, 56′.
(*****) Viajo porque preciso, volto porque te amo, Marcelo Gomes, Karim Aïnouz, 71′.
(******) Conversations de salon II, Danielle Arbid, 30′.
(*******) Port of Memory, Kamal Aljafari, 63′.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Icare en cinéaste du Réel ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2010/03/icare-en-cineaste-du-reel/>