Sep 262010
 

La Chine est un pays qui fait généralement les choses en grand. On l’a vu avec les JO ou l’Exposition universelle. Je l’avais constaté dès mon arrivée à Pékin, où une voiture et une étudiante francophone avaient été dépêchées par l’Université pour m’accueillir à l’aéroport et servir d’interprète jusqu’à ce que je sois installé dans mon appartement de professeur. Heureusement, car l’université était à 150 km de l’aéroport et je me voyais mal après 24 h de voyage, 7 h de décalage horaire, 50 kg sur le dos gagner Pékin en train, traverser la ville, prendre un autre train à la gare de l’Ouest et rejoindre l’université dans un pays où je maitrisais à peine l’ombre d’une quarantaine d’idéogrammes.
Cet accueil me mit dans de bonnes dispositions et a sans doute contribué à la réussite de mon séjour. En route, Anissa, c’est le prénom français de l’étudiante qui m’accompagnait, avait tout fait pour répondre à mes questions et rendre la fin de mon voyage agréable.
Par un retour étonnant de l’histoire, j’ai eu la chance d’accueillir aujourd’hui, à Roissy, cette même Anissa car elle a été sélectionnée pour être assistante de langue chinoise dans deux établissements de l’Académie de Rouen, pour un an. Voilà donc mon ancienne étudiante devenue collègue française, et dans la même position où j’étais il y a un an et demi, les années en moins, heureusement pour elle !
Je lui devais bien la pareille et il valait mieux que je sois présent à son arrivée. Car la France, elle, fait les choses en petit. L’Education Nationale laisse les assistantes de langue se dépatouiller toutes seules pour rejoindre leur lieu de travail. Du reste, billets d’avion et de train sont entièrement à leur charge. Imaginez ce petit bout de femme coquette de 23 ans, fille unique chouchoutée évidemment, sortant pour la première fois de son pays, encombrée comme on l’est dans ces cas de tonnes de bagages, épuisée par le voyage, devant faire Roissy-Saint-Lazare-Le Havre après 24h de voyage. Je vous passe toilettes et wifi payants à l’aéroport, les travaux condamnant le RER B les week-ends, les bus bondés, la trotte sous la pluie d’Opéra à Saint-Lazare, le prix exorbitant des taxis et de l’Evian pour une bourse chinoise.
Heureusement surtout que son enseignante référent l’a prise généreusement sous son aile, interceptée à la gare et hébergée en famille. L’établissement n’accueille qu’au jour de la rentrée. En Chine, j’étais pris en charge 7 jours avant et 7 jours après le contrat, sans supplément. J’arrête là les récriminations contre cette chère France avant qu’on me dise de rentrer dans mon pays, mais je signale juste ces « détails » pour les lecteurs de français en Chine qui parfois ont des exigences pour eux-mêmes bien supérieures à ce qui est pratiqué par leur propre pays d’origine.