Puisqu’il faisait trop mauvais pour visiter Paris en surface, c’est à une balade souterraine proposée par l’Ademas à laquelle nous étions conviés ce matin à l’initiative de Parisien d’un jour(*). L’Ademas s’était rendue célèbre par ses visites nocturnes en métro, visites hélas aujourd’hui abandonnées. En compagnie de Julian Pepinster, auteur d’un tout récent Le métro de Paris aux éditions La Vie du Rail, et d’un de ses collègues, tous deux passionnés et passionnants, nous avons découvert les coulisses de la RATP. En quelques stations, les étapes d’un itinéraire parsemé de découvertes.
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Châtelet, Place Sainte-Opportune : les édicules de Guimard chargés de signaler sans ambiguïté les bouches du métro à sa création. Un parti pris stylistique audacieux pour l’époque, aboutissement d’une longue hésitation entre ville et Etat, partisans du souterrain et de l’aérien. C’est l’Expo universelle de 1900 qui donnera finalement l’impulsion et dotera enfin d’un métro la capitale française,
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Châtelet (ligne 7) : réutilisation d’une voûte remontant à Louis XIV et destinée à limiter la violence des crues, les carreaux blancs biseautés pour mieux réfléchir la pâle lumière artificielle du début du XXe s., la complexité des infrastructures souterraines à Châtelet-Les Halles (métros, RERs)
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Saint-Michel (ligne 4) : l’incroyable prouesse de l’immersion des tunnels dans la Seine, sans usage du tunnelier ; l’histoire capitalistique de la future RATP (infrastructures fournies par la Ville, exploitation confiée à deux sociétés bien avant que la RATP ne devienne le prestataire de la STIF),
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Cluny – La Sorbonne (ligne 10) : station fermée en 1939, rouverte très tardivement pour offrir une correspondance avec le RER C, la voie centrale et les dispositifs permettant l’interconnexion du réseau,
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Gare d’Austerlitz (ligne 10) : la prolongation anticipée (mais hypothétique) d’un raccordement à la gare de Lyon,
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Gare d’Austerlitz (ligne 5) : la construction sur le hall prolongeant l’ancien buffet de la gare ; la “finance” ligne chargée de conduire la recette au siège social de la RATP tout proche de Quai de la Rapée,
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Gare de l’Est (ligne 5) : les lignes percées à ciel ouvert puis recouvertes par la chaussée portée par un plafond métallique soutenu par des piliers en fonte,
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Louis Blanc (lignes 7 et 7 bis) : dédoublement des voies pour emprunter deux rues différentes et débranchement en 1967 pour autonomiser une ligne 7bis (la 7 se prolongeant en fourche vers la banlieue),
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Louis Blanc (ligne 7 bis) : le système de rame expérimental (MF88) et non généralisé de bogie spécial,
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Place des fêtes (ligne 7 bis) : l’abri souterrain pour la population, l’ancien ascenseur aujourd’hui abandonné au profit d’escalators,
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Place des fêtes (ligne 11) : avantages comparés du pneumatique et du fer,
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République (ligne 11) : le style carrelage orangé, baptisé “Mouton” (fin des années 60) et son progressif abandon au profit du blanc,
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Au pied du théâtre Renaissance, accès à la station fantôme Saint-Martin et ses faïences publicitaires, c’est l’une des multiples stations et tronçons fantômes du métro parisien(**).
Cet inventaire n’est qu’un petit avant-goût de tout ce qu’on peut découvrir avec Ademas sur notre métro plus que centenaire.
(*) Ademas, association organisatrice des visites.
(**) Voir Wikipédia : Stations fantômes du métro de Paris.