Le réveil sonne. Il est sept heures du matin à Pékin, minuit à Paris… et guère plus pour moi. Je n’ai dormi qu’une heure ou deux. Voilà la punition de ceux dont une horloge occupe la moitié d’un hémisphère cérébral.
Je traverse Pékin en taxi pour gagner la gare de l’Ouest. Pas de changement notable sur l’avenue Chang’an en un an. Depuis les JO, le coeur de Pékin semble stabilisé dans ses grandes lignes.
Le TGV pour Baoding est bondé de voyageurs chargés de paquets, rouges bien sûr. Ce soir c’est réveillon, que l’on se doit de passer en famille et avec des cadeaux. Bref, c’est un peu Noël chez nous, le sapin en moins.
Le froid paysage défile aux premiers rayons du soleil qui se glissent entre les rideaux de peupliers.
Je retrouve avec émotion Baoding. L’impression extrêmement troublante de l’avoir quittée la veille. Je m’y sens chez moi, autant qu’à Belleville. Sentiment totalement fallacieux, puisque je n’y ai que la légitimité d’un lecteur de français de passage. Autant dire aucune. Mon emprise sur ce qui s’y passe, mon champ d’action y sont quasi nuls !
En compagnie de ma nouvelle collègue française qui va entamer son second semestre, je retrouve mes lieux préférés : le vieux campus, le végétarien hélas converti à la carne, le self-service de la place centrale, le salon de thé Honey-Pool toujours aussi cosy, le dernier vieux hutong de la ville et ses deux splendides vieilles mosquées à la chinoise qui seules survivront à la démolition. Au centre-ville, beaucoup de commerces sont déjà fermés en ce jour férié. Le luxueux grand magasin assure la permanence. Vestes à 300€, Loréal, Adidas, Nike, etc., modèles authentiques à des prix internationaux. Le vison bleu à 1500€ tant convoité par Zoya n’est plus là. A-t-il trouvé preneur dans ce pays officiellement en voie de développement ?
Pour des achats de dernière minute, on préférera le Darunfa, l’Auchan local, qui ferme exceptionnellement à 20h sans avoir écoulé ses peluches de lapin, la mascotte de cette nouvelle année.
Premiers pétards. La gare est déserte. Dans le souterrain infâme qui sert de salle d’attente généralement bondé, nous sommes quatre passagers !
Le train qui me ramène à Pékin est vide. Je retraverse la capitale en bus cette fois. Pour peu, je passais la nuit du Nouvel an au poste. Un groupe de resquilleurs attrapés par les contrôleurs ont été signalés à la police. En attendant les renforts, nous sommes enfermés une demi-heure dans le bus. Joyeuse empoigne entre ceux qui avaient des correspondances à prendre et les contrôleurs !
A l’arrivée des fourgons, privilège de l’étranger, je fus rapidement évacué, avec excuses.
Je suis arrivé juste à temps à l’auberge pour passer au Nouvel an.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Une journée à Baoding ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2011/02/une-journee-a-baoding/>