Après l’architecte Wang Shu, c’est un autre créateur chinois qui est à l’honneur. Mais Ai Weiwei (艾未未), à la différence de Wang Shu qui a fait toute sa formation en Chine, est passé par New-York et ça se voit dans sa maîtrise totale des codes artistiques occidentaux. C’est désormais un poids lourd de l’art contemporain, probablement le plus connu et le plus lisible des artistes chinois à l’étranger. En Chine, en dehors du cercle restreint de ses amis et de la police politique, il est beaucoup moins connu. La presse l’ignore, sa survie médiatique ne tient qu’à l’existence de réseaux sociaux.
Car Ai Weiwei a fini par franchir la ligne rouge qui sépare les artistes indépendants du Parti. Première vraie dissidence après sa collaboration au fameux stade Nid d’oiseau : il critique les JO. Puis il enquête sur le tremblement de terre du Sichuan, c’en est trop. Son studio de Shanghai est rasé, ses comptes passés au peigne fin, il est emprisonné le 3 avril 2011. Aujourd’hui, de retour chez lui, sa liberté de mouvement et d’expression est très limitée. Il n’a pu participer à cette exposition. La rétrospective principalement photographique qu’offre le Jeu de Paume permet de se faire une idée d’un personnage provocateur, rebelle, artiste multiforme et anticonformiste(*).
(*) Entrelacs, 21 février – 29 avril 2012. Jeu de Paume.