Saint-Étienne n’a pas derrière elle le passé millénaire de Lyon. Elle émerge à la Renaissance, s’affirme progressivement dans les secteurs des armes, du cycle, du charbon et de la passementerie jusqu’à dominer la scène industrielle française au tournant du 20e s. Autant de secteurs qui vont péricliter au point de faire de St-Étienne une ville industrielle sinistrée dans les années 70 alors que – maigre consolation – les Verts de l’ASSE et de Rocheteau triomphaient au football. Entre 1968 et 2004 la ville perd plus du quart de sa population.
Aujourd’hui, le Sphinx veut renaître de ses cendres et convoque le tourisme pour y parvenir. Son projet – avant tout économique – est de devenir la capitale du design.
Dès lors tout son argumentaire touristique va tourner autour du thème, « Saint-Etienne, Métropole de Design et d’Histoire »(*).
Le musée d’art et d’industrie, le musée d’art moderne et le musée de la mine sont réquisitionnés pour porter la bonne parole. Les armes, la passementerie, les cycles… c’était du design. Et comme pour le charbon on a un peu de peine à établir le lien on construit une gigantesque cité du Design dans l’ancienne Manufacture d’armes et on intègre les réalisations de Le Corbusier à Firminy au projet. Intéressante opération de communication qui n’hésite pas à laisser dans l’ombre toutes les autres dimensions de Saint-Étienne. Un tourisme au service d’une politique ambitieuse. Autant dire qu’il ne faut pas attendre des brochures officielles de grandes lumières quant à l’appréhension de la période du déclin de la ville et du présent(**).
En attendant l’ouverture très attendue de la Cité du Design(2008), le musée d’art moderne présente une rétrospective du design européen entre 1955 et 1985(***). Téléviseur, fer a repasser électrique, radio, moulin à café, grille-pain, balance, téléphone, machine écrire, aspirateur, électrophone, c’est un catalogue complet des objets de mon adolescence qui nous est offert juste avant l’introduction de l’ordinateur. Les notices sont passionnantes. On revit la mécanisation des tâches domestiques dès l’après-guerre, le développement de la communication et des loisirs. Avec le plastique tout semble possible. Formes nouvelles et couleurs emballent la jeunesse qui devient un nouveau segment de consommateurs.
La rétrospective Orlan(****) dans ce même musée est réservée aux coeurs bien accrochés. On revit la célèbre opération esthétique de l’artiste stéphanoise à New-York traitée comme une oeuvre d’art avec quelques autres folies du même acabit.
(*) Titre de la principale brochure de l’office du tourisme.
(**) A noter par opposition l’excellente collection de mémoire de quartier qui parle au présent. Beaulieu : patrimoine urbain du XXe siècle, Rachid Kaddour, Cendrine Sanquer, Alain Turgeon et les élèves du collège Jean Dasté.Saint-Étienne : Éd. Ville de Saint-Étienne, 2005.
(***) Musée d’art moderne. Le design à l’ère spatiale. 17 mai 14 novembre.
(****) Exposition Orlan. 26 mai-26 août.
===== Autres notes
Hôtel de la Tour. Juste au centre de la ville. 32€. Hotspot WiFi.
Paris St-Étienne 29€. 1ère classe. Promo août SNCF.
Café narghilé le Pacha. 2, Rue de la Résistance.
Saint-Étienne 2013.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Saint-Étienne ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2007/08/saint-etienne/>