Août 022009
L’illustre Stevenson, auteur du fameux roman l’Île au trésor, n’a pas été très loquace, ni très généreux envers Langogne lors de son voyage dans les Cévennes. De sa visite le 23 septembre 1878 le créateur de l’inquiétant Docteur Jekyll relate juste sa descente depuis Pradelles et sa traversée du pont. Pas un mot sur sa nuit langonaise, pas un détail sur la ville ni sur ses rencontres à l’exception d’une fillette hautaine. Sûr que l’Office du tourisme aurait préféré plus d’attention pour garnir ses brochures de citations.
Les Langonais ne sont pas rancuniers pour autant. Stevenson est à l’honneur dans la ville. Même la brave ânesse Modestine compose l’enseigne d’un gîte à l’humour très british : la Modest’Inn. Il est vrai qu’il vaut de l’or ce Stevenson.
Les Langonais ne sont pas rancuniers pour autant. Stevenson est à l’honneur dans la ville. Même la brave ânesse Modestine compose l’enseigne d’un gîte à l’humour très british : la Modest’Inn. Il est vrai qu’il vaut de l’or ce Stevenson.
En préface du Journal de route en Cévennes(*), Philippe Joutard, président du Club cévenol, définissait très bien dès 1978 ce que la diffusion de son récit de voyage pouvait apporter au tourisme local. « La Cévenne très vivante décrite, il y a un siècle, par Stevenson était encore proche de son apogée et le contraste avec la situation d’aujourd’hui paraîtra cruel. […] Dans un temps où nous nous interrogeons sur les formes de tourisme qui peuvent aider la région à survivre sans la défigurer, ni lui faire perdre son esprit, Stevenson reste le précurseur et l’exemple des « touristes » que nous aimerions recevoir et dont il faudrait encourager la présence, ceux qui ne se conduisent pas en terrain conquis et ne veulent pas exploiter le pays, mais le respectent et comprennent son combat pour conserver son originalité. Ancêtre des randonneurs il sait prendre son temps […] Il goûte les paysages et se met à l’écoute des hommes qu’il rencontre ».
Stevenson fait donc partie du vocabulaire touristique de la région. Il a rejoint la bête du Gévaudan, l’auberge de Peyrebeille et Gargantua dans la mythologie locale, un Gargantua dont on célèbre joyeusement aujourd’hui la fête à coup d’aligot-saucisse et bière.
Vocabulaire encore. Margeride, Ardèche, Velay, Cévennes, Gévaudan, Lozère, Haute-Loire, Allier… si tout territoire s’aborde d’abord par son lexique, la richesse des toponymes surprend dans ce coin de France qui parait paumé. C’est que Langogne doit sa fortune à sa position de carrefour sur la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée. La ville est à même à l’intersection de trois régions administratives : Languedoc-Roussillon, Auvergne, Rhône-Alpes.
(*) Journal de route en Cévennes. Robert Louis Stevenson. Première édition à partir du manuscrit de R.L. Stevenson. Edouard Privat et Club Cévenol. Trad. Jacques Blondel. Toulouse. 1978. p.8.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Fêtes à Langogne ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2009/08/fetes-a-langogne/>