Fév 232009
Premier cours, première prise de contact avec les 3ème année, ma classe la plus fidèle puisque nous aurons trois rendez-vous hebdomadaires. Une petite salle lumineuse et bien remplie, une estrade, un pupitre. 21 étudiants, dont 5 gars ; le français ne fait pas exception, en Chine les langues étrangères attirent plutôt des filles. Pas de retardataires, pas d’absents, pas de téléphones portables qui sonnent… c’est clair ce n’est pas l’université française.
En analysant le questionnaire que j’ai fait circuler pour cerner mon auditoire on est frappé par l’apparente homogénéité. Les étudiants ont presque tous 22 ans, ont suivi ensemble le même cursus universitaire, il n’y a pas de « pièces rapportées » ni de redoublants. Les seuls « étrangers » à la province du Hebei sont chinois et tous originaires de la côte est du pays.
Peu fixés sur ce qu’ils veulent faire après la 4ème année, ils hésitent entre travailler tout de suite et poursuivre des études de littérature en France ou une spécialisation en Chine. Ressources financières et obtention de la maîtrise semblent les deux clefs de leur avenir. Chinois, futurs spécialistes du français, ils visent l’enseignement, l’interprétariat, la gestion, la presse, le tourisme, la restauration française, l’armée voire la diplomatie.
Ils partagent avec les jeunes du monde entier un même engouement pour internet. Ils aiment le sport, le cinéma, la télé, la musique mais aussi la lecture, la gastronomie. Plusieurs aimeraient voyager et aucun n’a signalé avoir quitté les frontières de son pays, et rares sont ceux qui ont quitté la région. Les filles confessent volontiers un goût prononcé pour le shopping ; les gars c’est plutôt l’économie, la géopolitique.
S’ils se disent à l’aise pour lire, écouter ou écrire, ils éprouvent des difficultés pour prendre part à une conversation et sont plutôt terrorisés à l’idée de s’exprimer oralement en continu, pour un exposé par exemple.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce sont plutôt de faux timides. Réservés oui, mais ils s’expriment très volontiers dans une relation interpersonnelle. Ils sourient facilement, adorent l’humour et ne témoignent d’aucune agressivité. Et ça c’est plutôt agréable quand on est professeur !
Tous ont soif de communiquer en français. Ils comptent beaucoup sur les lecteurs étrangers pour développer leur expression orale. C’est même leur attente première.
Bien évidemment, faut-il le rappeler, il n’y a pas plus « UN » Chinois qu’il n’y a « UN » Français mais une palette de personnalités riches et multiples. On s’en aperçoit vite lors du tour de table de présentation individuelle. En outre bien que cette classe soit relativement homogène en goût, âge, origine, discipline, politesse et correction, les niveaux, eux, sont assez hétérogènes tant à l’écrit qu’à l’oral. Investissement personnel de l’étudiant, maturité, motivation ? Il serait intéressant de savoir ce qui a pu creuser un tel écart en deux ans et demi au sein d’un groupe issu de la même formation de base. Néanmoins le professeur peut s’exprimer en français courant à condition de moduler le débit et, de temps à autre, expliciter certains termes ou formules lorsque trop de fronts se plissent.
Les présentations individuelles achevées j’ai remis un article du Nouvel Obs qui sera étudié au prochain cours. Il traite du métier de journaliste en France(*) et permettra d’aborder ainsi la presse qui constitue l’intitulé de ce cours hebdomadaire. Tiré d’un copieux dossier sur les métiers et formations en France accessible en ligne(**) cet article permettra aux étudiants qui le souhaitent d’aller plus loin. Consigne pour lundi prochain : lire l’article, éclaircir le vocabulaire, comprendre, faire provision de questions tant sur la forme que sur le fond.
En analysant le questionnaire que j’ai fait circuler pour cerner mon auditoire on est frappé par l’apparente homogénéité. Les étudiants ont presque tous 22 ans, ont suivi ensemble le même cursus universitaire, il n’y a pas de « pièces rapportées » ni de redoublants. Les seuls « étrangers » à la province du Hebei sont chinois et tous originaires de la côte est du pays.
Peu fixés sur ce qu’ils veulent faire après la 4ème année, ils hésitent entre travailler tout de suite et poursuivre des études de littérature en France ou une spécialisation en Chine. Ressources financières et obtention de la maîtrise semblent les deux clefs de leur avenir. Chinois, futurs spécialistes du français, ils visent l’enseignement, l’interprétariat, la gestion, la presse, le tourisme, la restauration française, l’armée voire la diplomatie.
Ils partagent avec les jeunes du monde entier un même engouement pour internet. Ils aiment le sport, le cinéma, la télé, la musique mais aussi la lecture, la gastronomie. Plusieurs aimeraient voyager et aucun n’a signalé avoir quitté les frontières de son pays, et rares sont ceux qui ont quitté la région. Les filles confessent volontiers un goût prononcé pour le shopping ; les gars c’est plutôt l’économie, la géopolitique.
S’ils se disent à l’aise pour lire, écouter ou écrire, ils éprouvent des difficultés pour prendre part à une conversation et sont plutôt terrorisés à l’idée de s’exprimer oralement en continu, pour un exposé par exemple.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce sont plutôt de faux timides. Réservés oui, mais ils s’expriment très volontiers dans une relation interpersonnelle. Ils sourient facilement, adorent l’humour et ne témoignent d’aucune agressivité. Et ça c’est plutôt agréable quand on est professeur !
Tous ont soif de communiquer en français. Ils comptent beaucoup sur les lecteurs étrangers pour développer leur expression orale. C’est même leur attente première.
Bien évidemment, faut-il le rappeler, il n’y a pas plus « UN » Chinois qu’il n’y a « UN » Français mais une palette de personnalités riches et multiples. On s’en aperçoit vite lors du tour de table de présentation individuelle. En outre bien que cette classe soit relativement homogène en goût, âge, origine, discipline, politesse et correction, les niveaux, eux, sont assez hétérogènes tant à l’écrit qu’à l’oral. Investissement personnel de l’étudiant, maturité, motivation ? Il serait intéressant de savoir ce qui a pu creuser un tel écart en deux ans et demi au sein d’un groupe issu de la même formation de base. Néanmoins le professeur peut s’exprimer en français courant à condition de moduler le débit et, de temps à autre, expliciter certains termes ou formules lorsque trop de fronts se plissent.
Les présentations individuelles achevées j’ai remis un article du Nouvel Obs qui sera étudié au prochain cours. Il traite du métier de journaliste en France(*) et permettra d’aborder ainsi la presse qui constitue l’intitulé de ce cours hebdomadaire. Tiré d’un copieux dossier sur les métiers et formations en France accessible en ligne(**) cet article permettra aux étudiants qui le souhaitent d’aller plus loin. Consigne pour lundi prochain : lire l’article, éclaircir le vocabulaire, comprendre, faire provision de questions tant sur la forme que sur le fond.
3ème année | Presse |
Lundi 23 février | Présentation |
Objectifs | Se connaître Apprendre à se présenter en public |
Déroulement | Mot de bienvenue Les « casquettes » du professeur Remplissage individuel de la fiche étudiant Présentation des étudiants à tour de rôle Présentation du cours et de son animation. |
Documents | Fiche étudiant Articles – Journalisme, édition. La carte du Net, Nouvel Observateur n°2308, 29 janvier 2009. p. 18. – Les diplômes qui donnent du travail, Nouvel Observateur n°2308, 29 janvier 2009 |
Bilan |
(*) Journalisme, édition. La carte du Net, Nouvel Observateur n°2308, 29 janvier 2009. p. 18.
(**) Les diplômes qui donnent du travail, Nouvel Observateur n°2308, 29 janvier 2009.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « La rentrée, enfin ! ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2009/02/la-rentree-enfin/>
Le Nouvel Obs, parler de la liberté de la presse, avoir l’esprit critique sur un article…la vache ! ambitieux ton premier cours non ? je suis curieuse de lire la suite pour connaître le retour de tes étudiants…
Soyons clair. Je ne viens pas vendre un modèle d’organisation politique ! Ma posture est bien plus modeste. On m’a confié un cours sur la presse de 17 séances. Je vais l’animer à partir d’articles, avec trois objectifs. Le principal celui de développer la compétence de lecture, le deuxième de connaître la presse française pour pouvoir l’utiliser à des fins principalement professionnelles, le troisième appréhender la société française, puisque l’apprentissage d’une langue ne se limite pas à un vocabulaire et à sa grammaire. Nous traiterons ainsi lors d’une prochaine séance du niveau de vie de la classe moyenne française, puis du mode d’organisation des entreprises nationales. Tout naturellement, le premier article sur lequel nous travaillerons concerne le métier qui est à la source de la presse écrite, celui de journaliste.
De ce que j’ai pu entendre les étudiants ne manquent pas d’esprit critique. L’actualité récente leur donne des exemples de limites de notre modèle qui amène d’ailleurs à un peu de modestie : comment aucune investigation journalistique n’a permis de tirer la sonnette d’alarme sur l’emballement du crédit et les produits financiers toxiques avant que ne s’amorce la crise financière, comment on en arrive à une telle paralysie dans nos colonies antillaises ?
Concernant le rôle de la presse en France, mon seul propos de professeur consistera à décrire en quoi et comment il est historiquement consubstantiel à notre modèle d’organisation politique, ne serait-ce que pour distinguer les titres de nos quotidiens et magazines nationaux (gauche, droite…) Tout autre apologie ou propos serait largement hors sujet d’un modeste cours de langue.
Toujours sympas tes commentaires Aurélie ! Tu m’obliges à aller plus loin dans mon positionnement. La question de la posture dans l’inter-culturel est fondamentale.
J'avais bien compris tes intentions. Mais je les trouve ambitieuses ! L'analyse, savoir décrypter un discours, un langage : je ne sais pas si les étudiants sont habitués à ce type d'exercice. Mais peut-être est-ce moi qui garde trop de préjugés sur l'éducation dans un pays taoïste où l'apprentissage passe par la répétition, la copie et des directives précises. J'attends donc ton retour avec impatience !