Dans l’inventaire des opérations d’urbanisme en cours j’ai retenu :
-
Le 21-25 rue Ramponeau, le dernier « chicot » de ma rue, qui devrait faire l’objet d’un nouveau projet d’ici à 2 ans. En attendant fleurira un jardin éphémère sur bac face à la Forge.
-
La parcelle « Kemmler » (rue de l’Ermitage), dont le propriétaire a enfin été retrouvé, sera transformée en espace vert comme prévu au PLU. Le site – qui dispose d’un regard – pourrait représenter l’importance historique de l’eau à Belleville.
-
La parcelle à l’angle des rues Julien Lacroix et Belleville attend toujours sa résidence sociale. La Place Fréhel qui lui fait face, dotée de 4 oeuvres d’art dont une de Ben, aurait tout à gagner d’un ré-aménagement.
-
Le Conseil se plaingnait de la dégradation du Boulevard de Belleville. Un micro-trottoir a été conduit pour que les habitant formulent des vœux d’aménagement. Certains imaginent une « civilisation » du terre-plein à l’image de ce qui s’est fait boulevard de Clichy. La Maire prévient ; un projet à 15 millions d’€ nécessite des arbitrages au niveau Mairie centrale.
-
L’ancien Relais de poste de ma rue acheté par la ville de Paris en 2001 est en péril faute de projet. Le Conseil suggère que ses 1000m² deviennent un site polyvalent associant activité commerciale, culture, information… La Mairie parle d’un lieu d’activité économique tourné vers les NTIC. En attendant qu’un projet se dessine, des mesures urgentes de conservation s’imposent.
Plus pertinente était la question « quelle culture pour le quartier de Belleville ? » soulevée par l’usage « élitiste » du Carré Baudoin. Comment concilier à la fois l’attractivité du territoire (par des expos de renom) et l’accessibilité à la culture à un public rétif. Certains ont milité pour une culture à la fois « grande et populaire », qui donne aussi la parole aux artistes de ce quartier qui s’enorgueillit de posséder la plus grande concentration de plasticiens de France voire d’Europe.
Les remarques de la commission Cadre de vie ont tourné rapidement aux questions de ralentisseurs, sens unique, bruits, saleté… surement importantes mais qui ont tendance à cristalliser vite toutes les frustrations. A ce jeu on sent parfois poindre l’intérêt personnel. Mme la Maire n’est pas dupe qui rappelle que la définition des axes dépasse souvent le quartier en s’inscrivant dans les projets de l’Île de France (réseau Mobilien par ex.). Un participant livre une remarque fort pertinente en signalant que l’on oublie un peu trop souvent les quartiers non patrimoniaux, tels ceux des immeubles années 70.
Côté propreté on envisage la répression. Mais où trouver les moyens d’agents verbalisateurs pour lutter contre les déposes d’encombrants (10 tonnes par jour), les tags, affiches et autres souillures. Sans compter que le « marché de la misère » au métro Couronnes ne cesse de s’étendre depuis un an.
Tout autre sujet. La Commission parents-enfants a établi un annuaire des centres de formation au français pour étrangers du quartier, jugeant – démarche très française – qu’il fallait aider ces derniers à s’intégrer à tout prix. Un neuf pages synthétique et précis, permet désormais d’apprécier l’offre publique et associative sur les quatre arrondissements du quartier de Belleville. L’association où j’enseigne le français et celle où j’apprends le chinois sont évidemment citées. Mais le Conseil entend aller plus loin en établissant un diagnostic, pour pointer les manques, les incohérences, en coordonnant les initiatives… à suivre donc.
Pour finir nous avons droit à une présentation des correspondants de nuit. Une équipe d’une vingtaine d’agents, reconnaissables à leur brassard vert, chargés de la médiation dans les quartiers sensibles de l’arrondissement. Rien à voir avec les « grands frères » des banlieues. On n’est plus dans la collusion mais bien dans la médiation précise-t-on. Résolution de petits conflits, présence rassurante, lien avec les services publics, veille technique et sociale : leur rôle n’est pas de tout repos. Leurs « rondes » s’effectuent de 16h à minuit(**). Encore une réponse à l’attente sécuritaire croissante de l’électorat parisien ces dernières années. Ils ne seront pas plus armés que leurs collègues du Groupement Parisien Inter-bailleur de Sécurité (GPIS) en charge du logement social.
Que penser de ces Conseils de quartier ? Certains s’inquiètent de cette démocratie participative animée par une élite non représentative qui viendrait contrarier la seule véritable démocratie qui ne peut que sortir des urnes. A l’issue de cette réunion cet outil me semble posséder quelques précieux atouts.
-
Pour l’équipe municipale
Ces conseils sont un baromètre des quartiers. Ils permettent de prendre le pouls, de maintenir un lien. Ils sont aussi une vitrine de l’action municipale et une tribune. Ils permettent de mettre en avant les contraintes. Ils stimulent la dynamique au sein des équipes municipales, renforcent la cohésion. -
Pour les administrés
Ces conseils permettent de s’informer sur les choix majeurs du quartier. Une compréhension des fonctionnements (en particulier à Paris où s’imbriquent quartier, mairie d’arrondissement, mairie centrale, la Région, l’État) et donc des possibles. Dès lors ils permettent d’envisager des solutions originales, plus proche des besoins des populations, de solutionner des questions soient inaudibles soient apparemment insolubles. C’est aussi un moyen de s’informer et de créer du lien au sein des populations. C’est aussi, et peut-être surtout, une formation à la citoyenneté.
Bref une interface intéressante.
(*) Conseil de quartier du 21/10/2008 à l’école de la rue de la mare. Pour un épisode précédent c’est ici. Précision : ceci n’a rien d’un compte-rendu officiel.
(**) Correspondants de nuit du 20e. Quartier Piat/Faucheur/Envierges/Cascades (mais aussi Ramponeau) : 01 42 40 08 48.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Conseil de quartier ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/10/conseil-de-quartier/>