La Grèce est en grève générale aujourd’hui contre le projet de réforme des retraites(*). Une grève très suivie qui paralyse la capitale. Chemins de fer, bus, métros et trolleys d’Athènes sont très touchés. Les administrations et services publics, ainsi que les hôpitaux et les établissements scolaires et universitaires, tournent au ralenti. Les bateaux restent à quai, ce qui pour un pays insulaire comme la Grèce est sensible. Enfin, tous les avions sont cloués au sol.
La grève est lancée par les deux principales centrales syndicales du pays, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) et la Fédération des fonctionnaires (Adedy). Les Grecs font remarquer la similitude de situation avec celle que connait la France(**). Le mouvement se veut un avertissement au gouvernement conservateur de Costas Karamanlis qui a fait de la réforme des retraites une de ses priorités, sous la pression de l’UE, mais sans vraiment dévoiler ses intentions. Les syndicats exigent des garanties sur le financement public du système et s’opposent à tout allongement de la durée de travail, tandis que certains corps, comme celui des journalistes, protestent contre la fusion prévue de leur caisse avec d’autres moins bien loties.
A l’auberge c’est grasse matinée. Le touriste à nouveau rattrapé par la réalité et en solidarité imposée ne visitera donc ni musée ni site excentré et prie aux nombreuses églises byzantines pour que son vol retour de demain soit maintenu même si des retards sont d’ors et déjà à prévoir.
Justement en visite à l’église catholique St-Denis, pardon Aghios Dyonisios, notre voyageur découvre par un petit prospectus(***), la place prépondérante de l’orthodoxie au sein de l’État grec, pratiquement religion d’État, et les profondes mutations du catholicisme au contact des migrants Philippins, Polonais, et des autres nations européennes… À Athènes il devient bien difficile d’animer une communauté aussi hétérogène d’autant que les vocations ici aussi se font rares. L’église catholique, 50 000 Grecs, 200 000 âmes en comptant les migrants, se plaint également de ne disposer d’aucun statut juridique au regard du gouvernement, contrairement à l’Église orthodoxe qui bénéficie de subsides de l’État. Le dialogue œcuménique, sur les aspects pastoraux exclusivement, n’a pu être entamé qu’à l’issue de la visite du pape Jean-Paul II en 2001 ! Grec ne rime toujours qu’avec orthodoxe. La place de la petite minorité turque musulmane de Thrace occidentale (150 000 Grecs) est tout aussi singulière. Mais, contrairement aux Catholiques, son statut a été fixé officiellement lors du Traité de Lausanne(****). Complexes Balkans qui n’en terminent pas de digérer les chismes chrétiens et la chute des empires ottoman et soviétique.
(*) Grèce : mobilisation de la rue contre la réforme du régime des retraites, Eleftherotypia, 10 décembre 2007.
(**) Grèce : pour faire la grève, tirer les leçons de la méthode Sarkozy, To Vima, 25 novembre 2007.
(***) Catholic Church in Greece, Catholic Archdiocese of Athens, Athènes.
(****) Voir article de Jeanne Hersant (parente de ma voisine de palier !), La minorité « turque » de Thrace occidentale, Revue regard sur l’Est, 1er juillet 2003.
PROGRAMME
Manifestation autour d’Omonia
Visite de l’Athènes classique (Panespistimiou, fin XIXe s.)
Dernières courses : Diples (les griouches et roses des sables du Maghreb), pâtisseries de Noël : Melomacaronas (au clou de girofle), kurambies (croquant aux amandes enrobées de sucre glace)
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Grève générale à Athènes ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2007/12/greve-generale-a-athenes/>